Même si vous avez déjà annoncé la séparation à vos enfants…
Il est parfois intéressant de la refaire en tenant compte de ce qui va suivre.
Une tâche difficile !
Peut-être même la partie la plus difficile du processus de la séparation.
« Je crains que le moment où nous allons informer nos enfants de notre séparation, sera le moment où nous commencerons à détruire leur vie. Je sais que ce n’est pas vrai, mais c’est ce que je sens. ».
« L’idée de rendre mes enfants tristes, m’est insupportable ! »
La manière dont on annonce la séparation aux enfants a beaucoup d’importance.
L’annonce crée une base qui permettra de vivre cette situation douloureuse et tous les changements qu’elle provoque de manière plus positive et de créer un lien plus solide avec vos enfants.
La manière dont la séparation a été annoncé reste souvent longtemps dans la mémoire de l’enfant et a un impact sur la perception de la situation.
Lorsque l’annonce est faite avec de l’amertume et des accusations, cela crée des émotions négatives qui restent souvent là pendant des années. Cela peut endommager la relation avec vos enfants.
L’annonce n’est pas un événement unique. C’est le début d’une communication ouverte et durable concernant la relation mère-enfant et père-enfant.
Voici quelques conseils de base :
*Après avoir pris connaissances des conseils ci-dessous, on aimerait vous demander de remplir la fiche concernant l’annonce que vous trouverez tout à la fin du texte
Quand ?
Du moment ou la décision de se séparer est définitive, il convient de fixer un moment ou la famille se réunit. Prévoyez suffisamment de temps. Pas de rendez-vous à la suite.
L’idéal serait même qu’après l’annonce, un peu plus tard dans la journée, chaque enfant pourra en parler avec chaque parent séparément.
Il est préférable d’annoncer la séparation plusieurs semaines avant que les parents se séparent physiquement (qu’un des 2 parents s’installe vivre dans une autre maison). Les adolescents ont même besoin de plus de temps pour s’organiser et de se rendre compte de l’impact des futurs changements. S’ils sont mis au courant 2 mois à l’avance, ils auront le temps de poser des questions et de se préparer aux changements.
Evitez vraiment de faire l’annonce lors d’un évènement important tel que Noël, un anniversaire, une fête d’école, etc. Cette fête sera pour toujours liée à l’évènement triste qu’est la séparation.
Un seul message primordial
Voici le message fondamental qui formera la base de toutes les discussions et questions qui suivront :
« MALGRE TOUT CE QUI CHANGE ENTRE PAPA ET MAMAN, UNE CHOSE NE CHANGERA JAMAIS, C’EST L’AMOUR QUE NOUS AVONS TOUS LES DEUX POUR VOUS, NOS ENFANTS. ON RESTERA TOUJOURS ET TOUS LES DEUX VOS PARENTS ET ON CONTINUERA DE S’OCCUPER DE VOUS TOUS LES DEUX. PAPA ET MAMAN VOUS AIMENT TRES TRES FORT, ET CET AMOUR NE S’ARRETERA JAMAIS. »
Ce message vaut pour tous les enfants, de n’importe quel âge. Ce message rassurera vos enfants et permettra à vos enfants de traverser cette période difficile de manière plus confiante malgré la tristesse inévitable.
Mettez vous près de vos enfants (physiquement), donnez des câlins.
Même si vos enfants ne montrent pas à quel point le message d’amour éternel est important pour eux, sachez, que si vous répétez ce message régulièrement et si vous le montrez aussi (vos actes), ce sera pour votre enfant une énorme source de confiance et de consolation.
D’autres messages importants
Faites comprendre à vos enfants que la décision de la séparation a été très difficile, que ce n’est pas quelque chose de léger pour vous.
Expliquez que vous avez des problèmes importants dans votre relation de couple que vous n’arrivez pas à résoudre.
Il est très important de mentionner que ces problèmes n’ont rien à voir avec vos enfants, qu’ils ne sont responsables de rien et qu’ils ne peuvent pas non plus y changer quelque chose.
Dites à vos enfants qu’ils sont ce qu’il y a de plus beau et de plus important à vos yeux.
Faites comprendre à vos enfants que votre plus grande priorité est de bien s’occuper d’eux. Et vous allez devoir le confirmer en mettant leurs besoins à la première place. C’est-à-dire : créer une ambiance chaleureuse, stable et sécure avec une structure et des limites, en créant un lien fort, en ayant des conversations ouvertes ou vous les écoutez attentivement.
Expliquer ce qui va se passer ensuite
Dans l’idéal, vous aurez déjà établi ensemble avec votre ex-compagnon, une première organisation.
Présentez cette nouvelle organisation concrètement :
- Où habiteront les parents
- Où habiteront les enfants
- Quand ils verront leurs parents
Il est intéressant aussi de mentionner ce qui ne changera pas (l’école par exemple, pouvoir aller chez les copains, etc).
Si cette première organisation n’a pas encore pu être réglé :
Expliquez à vos enfants que vous travaillez ensemble à l’organisation de cette nouvelle situation et que vous tenez compte de leurs besoins. Vous pouvez ensuite leur demander justement ce qui est important pour eux.
Evitez que vos enfants apprennent la séparation par quelqu’un d’autre
Evidemment, ce serait néfaste pour vos enfants.
Ce serait probablement perçu comme une trahison. Ils risquent d’avoir le sentiment qu’ils ne peuvent pas vous faire confiance et que vous n’avez pas été honnête.
Justement à un moment où ils ont plus que jamais besoin d’avoir un lien solide, confiant et chaleureux avec vous.
Lorsque vous parlez à une personne de confiance de votre intention ou de votre décision de vous séparer (un ami, un membre de la famille, un collègue,), assurez-vous que cette personne gardera ces informations pour lui.
Sans critiquer l’autre parent
Selon les études, 4 séparations sur 5 ne se font pas en commun accord.
Le partenaire qui se sent abandonné, blessé, en colère ou trahis a parfois envie de faire comprendre à ses enfants que cette décision est la faute de l’autre et qu’il ou elle les a abandonnés, blessé, trahis, etc. Il est extrêmement difficile de résister à cette envie. Vous trouvez probablement que vous avez le droit de parler des fautes de l’autre parent, car selon vous il est le responsable.
Le conseil que l’on vous donne est : LESS IS MORE.
Ne parlez pas avec vos enfants de tout ce qui n’allait pas dans votre relation ou de toutes les erreurs que votre EX commet ou à pu commettre. Ce sont vos problèmes d’adulte.
Vous pouvez dire que ce n’était pas votre décision, mais sans détails. Pour s’aimer, il faut être 2. Si un des 2 n’aime plus l’autre, la relation ne peut pas continuer sans blessures.
Vous pouvez parler de vos sentiments, mais essayer de le faire sans accusant l’autre. La séparation vous rend triste, la décision vous met en colère, sans dire que c’est votre EX qui vous fait subir cela et que tout est sa faute.
Personne n’est obligé d’aimer quelqu’un. C’est triste, mais c’est ainsi.
Pourquoi ne pas dire du mal de l’autre parent ?
Ce qu’il faut garder en tête, ce sont les dégâts que peuvent causer les accusations envers l’autre parent. Être confronté, à plusieurs reprises aux fautes d’un parent risque d’endommager la relation avec celui-ci. L’enfant peut perdre le lien important avec un des deux parents.
Si l’enfant sent qu’il a un parent bon et un parent mauvais cela atteindra son propre développement. Ils peuvent douter de la possibilité de faire confiance aux gens, notamment pour créer une relation amoureuse et stable, plus tard. Ils peuvent casser la relation avec un des 2 parents (aliéner).
Votre enfant a besoin de ces 2 parents. Il faut à tout pris éviter une cassure, car cela entraînera des conséquences négatives pour vos enfants et pour longtemps.
Les enfants le disent eux-mêmes. Les études le montrent : cela blesse et inquiète vos enfants d’entendre dire du mal d’un parent. Ils ne veulent pas l’entendre. Cela leur fait du mal. Et vous ne voulez pas faire du mal à votre enfant ! N’est-ce pas ?
Vos enfants ont besoin que vous les aimiez, plus que vous détestez votre ex.
GARDER UN LIEN RESPECTUEUX AVEC L’AUTRE PARENT N’EST PAS QUELQUE CHOSE QUE VOUS FAITES POUR LUI OU ELLE. VOUS LE FAITES POUR VOS ENFANTS.
Pas de mensonges, ni de secrets.
N’inventez pas des raisons.
Ne racontez pas à votre enfant que l’autre parent est parti pour un long voyage, par exemple.
Ne rien dire n’est pas bon non plus. « Il ou elle est juste parti(e). »
Les mensonges ou secrets et non-dits font que votre enfant aura du mal à vous faire confiance. Cela risque d’abîmer votre relation.
Il risque aussi d’imaginer, de fantasmer, des raisons bien pires que la réalité. Ou ils peuvent penser que c’est leur faute et que c’est pour cette raison que vous ne dites rien, ou pas la vérité.
DONC PAS DE DETAILS, MAIS QUAND-MEME DES VERITES, ADAPTES A L’AGE DE L’ENFANT.
S’il y a eu une faute grave.
Un acte violent (verbal ou physique) ou illégal, par exemple.
Là il est important que le parent reconnaisse son erreur, montre sa responsabilité et présente des excuses, car l’acte a un impact sur la famille.
Encore une fois, sans donner des détails, il est important que le parent dit que cet acte est inacceptable.
Ne dites jamais que l’acte a été provoqué par une autre personne (par exemple l’autre parent).
Expliquez que c’est vous qui avez perdu le contrôle. Vous montrez ainsi aux enfants à quel point il est important de garder le contrôle sur ses émotions et à quel point il est important d’en parler.
Questionnez vos enfants sur ce que cet acte à provoqué chez eux. Laissez les exprimez là-dessus. « Cela vous a fait peur ? Cela vous trouble ? »
Ensuite, promettez à vos enfants que vous allez tout faire, pour que cela ne se reproduise plus. Et gardez cette promesse, bien sûr.
L’annonce en fonction de l’âge de l’enfant.
On adapte la manière d’annoncer la séparation à l’âge de l’enfant.
De 0 à 2 ans :
Les tout petits ne peuvent pas comprendre ce qu’une séparation veut dire.
Mais ils absorbent les émotions qui les entourent. Ils sont donc sensibles au stress, colères et sentiments dépressifs, comme à la joie et la tendresse.
Leur réaction est quasiment immédiate. Ils ne peuvent pas s’exprimer avec des mots, uniquement avec leur comportement (régression dans les apprentissages, troubles de sommeil, manque d’appétit, plus de frustrations et de pleurs, etc.)
Vous ne pouvez pas vraiment annoncer la séparation. Mais vous pouvez rassurer votre bébé qui va néanmoins ressentir des changements en lui donnant beaucoup d’affection. De préférence les 2 parents.
Créez une ambiance chaleureuse, avec des soins qui répondent à ses besoins. Le bébé se sentira en sécurité s’il sent que ces 2 parents sont là pour lui, s’occupent de lui attentivement avec de la patience et de l’amour.
De 2 à 3 ans :
Les changements de comportement ne sont pas forcément dû aux changements liés à la séparation.
A cet âge, les enfants créent une certaine autonomie (je sais dire NON et j’ai une influence). Les petites crises, des oppositions et des pleurs font partie d’un développement normal.
Lorsque cela se produit beaucoup plus fréquemment, ou de manière beaucoup plus intense, cela peut néanmoins montrer que l’enfant à du mal à gérer les changements liés à la séparation.
Les enfants de cet âge ont besoin d’une explication très simple.
« Maman va habiter dans cette maison et papa va habiter dans une autre maison et toi, tu va habiter parfois dans la maison de maman et parfois dans la maison de papa. »
Un calendrier pour visualiser ceci aidera beaucoup.
Ensuite, il reste important de donner des câlins, de sourire, de lui parler avec une voix douce, pour que l’enfant se sente aimé et en sécurité. Une ambiance chaleureuse et affective.
Puis préservez l’enfant de conflits, tensions, hostilités et stress. Les enfants sont des éponges, n’oublions pas.
De 3 à 5 ans :
A cet âge, les enfants peuvent facilement mal interpréter les raisons de la séparation.
« Ma maman et mon papa divorcent parce que je faisais trop souvent pipi au lit. Ils le disent quand ils se disputent. »
« Papa et maman ne s’aiment plus parce que maman doit se lever tôt pour aller travailler. Papa doit alors nous préparer pour aller à l’école et il me met le pull à l’envers. Ça énerve maman et maintenant ils ne s’aiment plus. »
Souvent, dans leur interprétation, il y a une culpabilité. Ils pensent que c’est leur faute.
Aussi, à cet âge, ils craignent souvent que les 2 parents les quittent. Ils ont peur d’être abandonné.
« Papa est parti, et bientôt maman aussi me quittera. Je n’aurai plus de maison. »
Ce genre de phrases sont rarement exprimées. Ce sont des craintes que l’enfant garde en lui et qui peuvent se manifester à travers de troubles de comportement (oppositions, cris, des pleurs pour un rien, faire mal aux autres enfants, etc.) ou des régressions (pipi au lit, faire le bébé, vouloir être porté très souvent, etc.).
C’est souvent chez un psychologue ou un tiers de confiance, que l’enfant ose parfois verbaliser ces craintes, et encore souvent après des semaines, voire des mois de thérapie.
Il est donc primordial d’expliquer, le plus tôt possible, ce qui se passe et ce qui changera (et ne changera pas) pour eux. Le travail préventif évite le plus souvent des inquiétudes et des blessures.
Là encore vous allez devoir expliquer de manière très simple ce qui change pour eux. Et aussi les rassurer et dire que vous les aimerez toujours et ne les quitterez jamais. Et l’annonce n’est que le début d’une longue série de conversations concernant la séparation.
Vous pouvez vous servir de différents outils comme :
- Les petits livres spécialisés pour enfants à lire avec l’enfant sur les genoux, tout près de vous.
- Des figurines (Playmobil, barbies, les doudous ou autres)
- Des marionnettes.
- Un dessin avec les 2 maisons, papa et maman et l’enfant.
- Le calendrier (semainier) que vous allez expliquer avec les petits dessins qui se déplacent.
Vous pouvez ensuite demander à votre enfant ce qu’il ressent et ce qu’il pense de tout ça.
C’est le moment de répondre à d’éventuelles fausses interprétations.
Rassurez les sur le fait qu’ils ne seront jamais seuls et que ce n’est pas leur faute.
En disant : « Parfois les enfants dont les parents se séparent pensent que c’est leur faute, mais ce n’est pas vrai, c’est à cause des problèmes d’adultes. » ou « il y a des enfants qui s’inquiètent que leur papa et maman ne l’aimeront plus, mais les parents aiment leurs enfants pour toujours, dans tous les cas. », vous montrez à l’enfant que ce qu’il ressent (peut-être) est normal.
Exemple d’une annonce avec des mots simples :
Papa et maman ont quelques problèmes d’adultes et on se dispute trop souvent.
Tous ces disputes ne sont pas bien pour nous et pour toi non plus.
C’est pour ça, que nous avons décidé de ne plus habiter dans la même maison. I
l y aura bientôt 2 maisons. La maison de papa où tu habites maintenant et la maison de maman, une autre maison qu’elle va te montrer dès qu’elle sera prête. Tu habiteras parfois chez papa et parfois chez maman.
Minou le chat, restera ici dans la maison de papa. Tu pourras toujours jouer avec lui.
Tu pourras garder ton doudou préféré avec toi et il y aura dans la nouvelle maison aussi une chambre pour toi. Il y aura des jouets dans chaque maison.
L’école ne changera pas. Parfois papa t’y emmènera, parfois maman. Il y aura toujours papa ou maman (ou mamie / papi) pour te récupérer.
Si tu veux, on pourra toujours fêter ton anniversaire ensemble.
Nous voulons que tu saches très bien que papa et maman ne se disputent pas à cause de toi. Ce n’est pas du tout ta faute.
On t’aime tous les 2 très fort et ça pour toujours. Ça ne changera jamais.
Et papa restera toujours ton papa et maman restera toujours ta maman. On continuera de s’occuper de toi tous les jours.
De 6 à 8 ans :
Même si les compétences verbales sont déjà bien développées chez les enfants de cet âge, le stress se manifeste néanmoins le plus souvent de manière non-verbale (régression, manque de concentration à l’école, se retirer, s’emporter rapidement, des colères et oppositions, maux de ventre et de tête). Des études récentes montrent un effet du stress sur le système immunitaire. Les enfants peuvent donc plus souvent être malade.
Ils essaient souvent de cacher leurs émotions pour ne pas rajouter de la peine. A cet âge, les enfants s’inquiètent beaucoup pour leurs parents.
Ils réagissent (verbalement ou pas) de manière plus émotionnelle car ils comprennent mieux ce qu’une séparation signifie.
Parfois ils oublient partiellement ce que vous avez annoncé à cause de cette surcharge émotionnelle. Il convient donc de répéter le contenu de l’annonce plusieurs fois dans les jours et semaines qui suivent.
Prenez votre enfant à part de temps en temps pour une petit conversation privée. L’annonce doit rester assez courte, claire, rassurante et affectueuse.
Il reste important de permettre à l’enfant de visualiser les changements, de dire qu’ils ne sont pas responsables et qu’ils ne doivent pas choisir un parent plutôt qu’un autre.
Essayez également d’encourager votre enfant d’exprimer ces sentiments et montrez-lui que vous gérez, que vous êtes suffisamment solide pour vivre cette séparation.
Vous pouvez toujours vous servir des outils tel que les semainiers, calendriers, livres, jeux de sociétés spécialisés (nous vous présenteront des exemples).
Exemple d’une annonce courte, claire, rassurante et affectueuse :
On doit te raconter quelque chose de triste.
Tu as déjà remarqué que (ou on t’avait déjà dit que) papa et maman se disputent souvent et que nous avons des problèmes entre nous.
Malheureusement, on doit vous dire que nous n’arrivons pas à résoudre ces problèmes et que nous avons décidé que nous allons nous séparer. Ce sera mieux.
Tu sais ce que ça veut dire n’est-ce pas ? Cela veut dire que papa et maman n’habiteront plus dans la même maison.
Mais tu dois bien comprendre que nous restons tous les 2 tes parents. Ça ne changera pas.
On t’aime très fort, tous les 2, et ça c’est pour toujours. Et on voudrait que tu continues à nous aimer, papa ET maman et que tu continues de passer du temps avec nous 2.
On sait que ce n’est pas une bonne nouvelle pour toi. Probablement cela te rend triste ou peut-être que ça te met en colère. C’est normal. C’est ce que nous ressentons aussi.
N’importe ce que tu ressens, on est là pour toi, pour t’écouter et pour t’aider à trouver comment tu pourras te sentir mieux.
Tu dois bien comprendre aussi, que la séparation n’a rien à voir avec toi. Ce n’est pas ta faute. Ce sont NOS problèmes d’adultes. Tu ne pourras pas non plus changer ça ou résoudre nos problèmes.
Il y aura maintenant une période plus difficile, avec beaucoup de changements. Mais nous allons tout faire pour que cela se passe au mieux, pour toi.
Nous t’aimons très fort et nous allons t’aider. Nous sommes assez forts, et toi aussi, pour passer cette période. Puis après ça ira beaucoup mieux.
Dans quelques semaines, papa (ou maman) aura un nouvel appartement qu’il (elle) te montrera avec plaisir, dès qu’il sera prêt. Puis tu passeras du temps aussi avec papa (maman) dans son nouvel appartement. Ce ne sera pas loin, donc tu iras toujours à la même école et tu auras toujours les mêmes amis que tu pourras inviter dans la maison de maman ou papa.
Cela fait probablement beaucoup de choses d’un coup pour toi à gérer. Tu as probablement des questions, maintenant ou plus tard. On sera toujours là pour répondre à tes questions.
Et surtout on t’aimera toujours. Ça ne changera pas.
De 9 ans à 12 ans (préadolescence)
C’est l’âge ou les enfants risquent d’être en colère contre vous. « Vous êtes des égoïstes ! ».
Les préadolescents se développent sur le plan social et sont sensibles à ce que vont penser « les autres ». Ils se gênent.
Ils voient mieux les problèmes de leurs parents, ils observent mieux, mais ils n’ont pas acquis l’expérience nécessaire pour vraiment comprendre l’ensemble. Ils comprennent que la séparation est une décision prise sans avoir demandé leur avis. Et cela les met en colère ou ils ressentent d’autre émotions fortes.
Les préadolescents subissent déjà des changements physiques et émotionnelles, naturellement. Donc les changements dû à la séparation provoquent un stress supplémentaire. Ils auront d’autant plus besoin de repères, d’un cadre sécurisant.
A cet âge, ils peuvent avoir tendance à vouloir remplacer le parent absent. Ils prennent des responsabilités qui leur font gagner en maturité. Mais ils ne sont pas prêts et ils ne doivent pas prendre le rôle d’un adulte. Justement l’encadrement d’un adulte est sécurisant pour eux. En essayant de prendre ce rôle plus « adulte » et plus mature, ils peuvent aussi faire semblant de bien gérer cette nouvelle situation.
Attention donc. Car, au fond, ils ont beaucoup de doutes, d’inquiétudes et d’émotions perturbantes, comme les enfants plus jeunes. Ne tombez pas dans le piège. Votre enfant aura probablement beaucoup de mal à gérer ces émotions.
Vos enfants n’ont toujours pas besoin de connaître les détails de vos problèmes de couple. Le moins possible même. Vous attendez de vos enfants d’être responsables pour leurs actes, alors, vous, en tant qu’adulte pouvez leur montrer le bon exemple. Ils ont besoin d’entendre à quel point vous êtes sincèrement désolés de leur causer cette peine.
Vos enfants portent beaucoup d’importance à leurs amis, en général. Pensez à aborder le sujet. Comment veulent-ils informer leurs amis. Est-ce qu’il aimerait avoir de l’aide ? Voudrait-il que vous l’annoncez à leur place ? Laissez-le choisir ça ou d’autres aspects de ce genre. Il aura le sentiment de pouvoir choisir au moins quelque chose. Car par rapport à la décision de la séparation, il se sent impuissant.
Pensez aussi à la manière dont vous allez informer la maîtresse, l’école.
L’annonce en soi doit comporter les mêmes éléments rassurants et clairs que pour les enfants plus jeunes. Mais vous pouvez rajouter des éléments concernant leurs inquiétudes sociales et le cadre avec les règles qui ne changeront pas.
Exemple annonce
Comme l’exemple précédent mais vous pouvez rajouter ceci :
Nous sommes vraiment désolées de ne pas pouvoir résoudre nos problèmes de couple. Cela nous rend triste de savoir que cela vous cause de la peine.
Nous aimerions que, malgré tous les changements, tu resteras concentré sur ce qui est important pour toi et ton développement : bien travailler pour l’école, t’amuser avec tes amis, faire les activités que tu aimes (sports, loisirs). On fera tout ce qu’on pourra, tous les 2, pour que tu y arrives.
La décision a été difficile pour nous. C’est probablement aussi difficile pour toi de l’entendre.
N’hésite pas de parler de ce que tu ressens. Tu peux parler avec tes amis, ta maîtresse, mais on aimerait aussi que tu en parles avec nous de ce que la séparation provoque chez toi. On a besoin d’entendre ce que tu penses et on pourra ainsi en tenir compte pour les décisions te concernant.
Voici le planning que nous avons élaboré ensemble. On aimerait essayer cette nouvelle organisation et ensuite on adaptera en fonction de ce qui va pour toi, ou pas. On tiendra compte de ce que tu nous diras.
Dans les semaines, les mois, voir les années qui suivront, il sera important de prendre du temps, seul avec votre enfant, pour parler de ce qui vit chez votre enfant, pas seulement concernant la séparation.
Pensez aux outils : agendas (électronique ou pas), les romans, le journal intime, des films, chansons et poésies qui abordent le sujet de la séparation.
Votre enfant commence, petit à petit à prendre une certaine distance de la vie de famille. Il est donc important de travailler le lien avec votre enfant. On travaillera sur le lien parent-enfant, plus loin dans ce kit.
De 13 à 18 ans
Les adolescents sont à la recherche de leur identité et ils cassent certains liens avec leurs parents. Mais en même temps ils souhaitent que leurs parents les aiment fort. Ils ne le disent probablement pas, mais ils ont vraiment besoin de ressentir l’amour inconditionnel de leurs parents.
Les adolescents ressentent beaucoup de stress car ils quittent leur passé sécure à la recherche de leur propre futur. Les problèmes de couple de leurs parents sont une source de stress supplémentaire. Le fait de ne pas être impliqué lorsque des décisions les concernant sont prises, rajoute des tensions.
Une séparation emmène beaucoup de changements en plus de tout ce qui change déjà pour eux intérieurement et naturellement. La séparation nuit aux fondements stables à partir lesquelles ils explorent à la recherche de plus d’autonomie. Leur futur semble encore plus incertain.
Les adolescents trouvent que la séparation perturbe leur vie. Ils ont donc besoin d’être mis au courant le plus tôt possible, avant la séparation effective, afin de pouvoir préparer les changements.
A cet âge, ils ressentent souvent le besoin de chercher le coupable et de choisir le parent le moins coupable, souvent le plus blessé. Pour éviter un fossé écartant, il est important que les parents montrent à quel point ils sont désolés et demandent pardon. Les parents auront plus de chance de ne pas perdre le respect de leur enfant ado.
Attention ! Le fait que votre enfant choisit un côté ( le vôtre) peut être consolent et faire du bien. Mais cela ne fait pas de bien à votre enfant. Votre enfant ira beaucoup mieux s’il garde un bon lien avec les 2 parents.
Si votre adolescent n’avait pas encore d’agenda, il est temps d’en prévoir un. Son planning normal déjà bien rempli deviendra encore plus complexe. Un agenda électronique serait pratique.
Prévoyez aussi suffisamment de sacs pour chaque activité (sport, weekend, cartable) et proposez à votre ado de faire des checklist (dans leur agenda). En prenant la responsabilité de leur organisation et de leurs affaires il aura le sentiment d’avoir un certain contrôle, malgré tout.
Exemple annonce:
Vous pouvez utiliser le même exemple que pour les enfants plus jeunes en rajoutant que :
Le planning que vous lui proposez n’est peut-être pas le planning qu’il ou elle voudrait, mais qu’il prévoit suffisamment- de temps pour ses activités, du temps avec vous et avec ses amis. Et demandez lui de faire des propositions de modifications régulièrement.
Encouragez le d’exprimer ses émotions mais tout en disant que vous respecterez également le fait qu’il (ou elle) n’a pas toujours envie de parler. Dans ce cas vous reporterai la conversation à plus tard, en disant que ses sentiments ont beaucoup d’importance pour vous.
Il est important de prévoir du temps seul avec votre ado pour discuter. Non seulement concernant la situation liée à la séparation, mais concernant tous les changements dans leur vie. Car cette période d’adolescence apporte des incertitudes et inquiétudes pour lui. Montrez que vous êtes là pour lui (ou elle) et qu’il ou elle a beaucoup d’importance pour vous. Votre enfant grandit et prend de la distance, mais vous restez son pilier. Votre ado a, malgré les apparences, vraiment besoin de vous.
Il reste intéressant de regarder des films ensemble évoquant le sujet de la séparation ou les problématiques liées à l’adolescence, pour en discuter par la suite. Ou vous pouvez lire le même livre.
Conclusion
On aimerait tout d’abord vous rassurer en disant que toutes les informations et propositions d’annonce ne sont que des versions idéales. En réalité, l’annonce ne se passera probablement pas exactement comme vous l’aviez souhaité ou imaginé.
Votre enfant peut quitter la pièce dès la première phrase de l’annonce.
Votre ex-compagnon peut ne pas dire ce qui était prévu.
Vous pouvez ne pas réussir à contrôler vos émotions. Ou vous oubliez de dire des choses importantes.
C’est normal et vous pouvez toujours rattraper cela lors d’une 2ème, voir 3ème conversation.
De toute façon, ce qu’il faut retenir, c’est que l’annonce n’est que le début d’une longue série de conversations. Les points importants resteront des points à reprendre et à répéter durant les mois, et les années qui suivent. Il s’agit de créer et d’entretenir un lien fort et qualificatif avec votre enfant.
La séparation peut être l’opportunité d’avoir justement ce lien parent-enfant unique, d’être plus proche car vous traversez ensemble une période difficile dans laquelle vous êtes sont pilier, son point d’accroche. Et vous montrez à quel point votre enfant est important pour vous et à quel point vous l’aimez. La séparation stimule parfois cette prise de conscience.
En tout cas, c’est votre rôle en tant que parent responsable et aimant, de transmettre ces messages à votre enfant, d’autant plus dans une situation douloureuse, instable et inquiétante telle que la séparation des parents.